jeudi 31 mars 2011

Soupe

Il me la réclamait depuis deux semaines. J'avais comme excuse béton de ne pas connaître la recette. Et puis là, un mercredi, vers 16h30, Sainte-Geneviève m'a remis une feuille huit et demi /onze coupée en deux. Y'avait un titre qui la coiffait, la feuille:

Soupe de poisson

Et sous les ingrédients et la méthode de cuisson, Loulou avait dessiné un poisson. (Du moins, y'avait l'inscription "poisson de Éloi" à côté. Pas de doute, c'était un poisson.)

On n'est pas tellement fana de ça, du poisson ici. En soupe, je m'imaginais des têtes de barbottes flottantes dans un bouillon. Rien de sexé. Mais tout d'un coup que ce serait bon pour vrai? Parce que le Loulou, il est très restreint sur la bouffe. Les soirs de spag, il est super heureux, Loulou. Mais pour les autres soirs, il boude assurément devant son assiette, Loulou. Et il voulait manger ça? D'accord han.

J'aime bien le Sol de l'expression Sol-l'endroit-où-vous-marchez-La-l'-endroit-où-vous-allez-Si-c'est-siffler-comme-un-merle-et-nous-revenons-à-do-do-do-do-do, mais de LA sole? Non, pas trop.

Y'en avait de la sole dans la recette.

Quand je l'ai déballée, il s'est échappé des odeurs bizarres. Et j'ai pensé aux dudes dans Astérix qui s'engueulent. "-Poisson pas frais. -Poisson pas frais? Viens me le dire ici qu'il est pas frais mon poisson! Escarmouche, pif paf."

Et pis l'odeur, elle a fait en sorte de rameuter tous les chats du quartier, Mao, plus précisément, qui exécutait une danse lascive en criant pour en avoir. Troublant.

J'ai tout fait comme faut, avec Loulou qui dansait lascivement à côté de moi, en compagnie du chat. Troublant j'ai dit.

J'ai mis ça dans des bols. j'ai mis ça sur la table, j'ai crié "on mange".

Loulou s'empiffrait comme jamais. C'était presque beau. Mis à part les coulisses sur son menton qui lui donnait un air un peu trisomique.

Mon namoureux, Arno et moi, on avait un peu la chienne. On regardait nos bols d'un oeil suspicieux. On regardait ensuite Loulou. On re-regardait nos bols d'un oeil suspicieux. On re-regardait Loulou...

On a finalement gouté du bout des lèvres, en fermant les yeux, dégouté. Comme on embrasserait une vieille matante qui a de la barbe.

Et on a dit non. Juste non. Avant de vomir partout, on s'est dit "plus jamais".

Dans la maison, l'odeur de la soupe ne décollait plus. J'aurais aimé qu'on soit le printemps pour vrai, pour ouvrir bien bien bien grandes les fenêtres de la maison.

J'ai mis les restants de soupe dans des tits-pots à congeler. Pour Loulou. Juste pour lui.

J'ai descendu avec mes 4 tits-pots vers le congélo de la cave. Et puis hop, y'en a un qui a glissé, qu'il est tombé, qu'il est allé s'exploser sur le sol de l'expression sol-l'endroit-où-vous-marchez.

Poisson liquéfié sur ciment de cave. Ça se lave mal, ça pue pis ça fait sacrer. Arg.

À swère, believe me, on mange du spag.

mardi 22 mars 2011

Fond d'écran Marie de Nazareth

Cette semaine, des gens sont atterris ici en tapant les choses suivantes:

- dictée préparée la maison des enfants pelle râteau vulgarité

- Ramens aux crevettes

- Fond d'écran Marie de Nazareth

- bois caribou

- HITLER

- Cracher de la morve

- Haute pression néocitran

- Roman à l'eau de rose pour enfant

- Bonhomme sourire qui font la baboune

- Chandail de loup

Je vous épargne une couple de vulgarités qui parle d'autofellation. Parce que tsé, je trouve ça pas beau comment les gens, des fois, ils pensent.

vendredi 11 mars 2011

Gnaiserie d'école

J'ai présenté ce texte dans le cadre du cours Rédaction: style et clarté. J'ai jamais eu ma note.

***

« Non, pas question. »

Steve tira une dernière bouffée sur sa cigarette, de celles qui brûlent les lèvres. Il souffla ensuite une longue émanation de poison; elle tournoya lentement dans un gracieux ballet ralenti puis alla se perdre dans l’air ambiant.
Il éteignit rageusement le mégot noirci dans le gros cendrier plein à ras bord. Ses yeux lorgnaient le sol à défaut d’avoir le courage d’affronter ceux de Sylvain.

« Come on man, c’est juste pour une veillée. »

Sylvain avait dit cette réplique en laissant traîner un rictus vicieux aux commissures de ses lèvres. Un garnement vaniteux. Il devait probablement être chef de bande au primaire, terrorisant les faiblards lors des parties de ballon chasseur et faisant secrètement rêver les gamines à qui il tirait les couettes. Il avait sûrement déjà dit à Ti-Cul Carl d’aller se coller la langue sur un poteau de métal par une température glaciale, ce que Ti-Cul-Carl s’était probablement empressé de faire.

« Pourquoi je ne peux pas être Ozzy? »

« Parce qu’on ne refait pas Black Sabbath, criss, on refait KISS. Pis tu sais bien que si on avait refait Black Sabbath, c’est moi qui aurais fait Ozzy. »

Un garnement fier, je vous dis.

« Je veux être Gene Simmons alors.

- Non! C’est moi Gene Simmons!

- Bon ben laisse moi être Paul Stanley alors?!

- No way man! C’est Ti-Cul-Carl qui fait Paul Stanley! Y’a même volé une paire de fuck-me-boots vintage à la mère de Fano pour le look.

- La mère de Fano?!

- Bah…Oué?!

- LA MÈRE DE FANO?!

- BAH OUÉ! »

La mère de Fano avait jadis été une très belle femme qui aimait se dandiner le popotin lors des soirées disco. ABBA, elle aimait ben ça. Aujourd’hui, on ne voyait plus que de minimes traces de sa beauté d’autrefois. Elles étaient enfouies quelque part dans la lueur de ses yeux. Après l’accouchement de son premier lardon en 1979, son susmentionné popotin s’était mis à élargir de façon considérable.
Aujourd’hui, après avoir été engrossée trois fois par Monsieur-Le-Père-à-Fano, elle n’était plus qu’un émule des mannequins du catalogue Sears, dans la section 16+ week-end : gros cul, linge en coton pastel et sourire factice. Le genre de madame que tu sais qu’elle fait des gâteaux aux carottes vraiment kick ass.

Maintenant que Steve était revenu de la surprise, il se demandait si c’était la mère de Fano qui avait des cristies de grands pieds où si c’était plutôt Ti-Cul Carl qui était affublé de minuscules petons.

« Et Ace alors? Qui fait Ace?

- Ben, c’est Fano s’t’affaire!

- Câlisse !? C’est qui qui a décidé ça?!

- Ben devine!? »

Vous tous, lecteurs, aviez compris bien avant Steve que c’est Sylvain qui avait pris une telle décision. Vous êtes franchement plus allumés que Steve. Cela explique aussi pourquoi ce sera Steve qui aura à personnifier le chat de KISS. S’il avait été plus allumé, il aurait pu marchander pour incarner un des autres membres du groupe, vous savez, ceux qui n’existent plus aujourd’hui, mais qui continuent à avoir leurs places dans la mémoire collective.

« Non. Je ne ferai pas Peter Criss… »

Steve resta quelques secondes en tête à tête avec ses pensées. Assez de temps pour se dire qu’« Asti, en plus, y’ a du vert dans le maquillage du chat. »

Sylvain, voyant que Steve n’avait pas l’air enchanté par cette idée de déguisement d’Halloween, lui proposa une bière afin qu’il puisse se détendre. Steve resta muet devant la proposition.
Le chat de KISS.
Ces mots allaient et venaient dans la tête du gaillard.
Sylvain prit le silence de son ami pour une réponse affirmative. Alors qu’il se dirigeait résolument vers le réfrigérateur, Steve en eut soudainement marre d’être à la merci de ce type trop arrogant qui en faisait baver à son entourage depuis sa plus tendre enfance.
Il saisi délicatement le cendrier en verre massif et vida son contenu sur le tapis. À pas de loup, il s’approcha de Sylvain.
L’élan qu’il prit pour assommer son ami fut si puissant que Sylvain tomba raide mort.

« Oui, je vais la prendre la bière. »

Steve laissa tomber le cendrier qui n’éclata même pas. Il ouvrit le réfrigérateur et empoigna une bouteille. Il la décapsula et avala une longue lampée.
Il allait ensuite chercher deux feutres : un noir et un vert.
Tandis qu’il dessinant les traits d’un félin sur le visage du cadavre, Steve se dit pour la dernière fois que jamais, il ne personnifierait le chat de KISS.

mercredi 9 mars 2011

Vers 23h

Quand j'entend Bébé chigner dans son lit vers 23h (bon, bon, Bébé a quand même 5 ans JE LE SAIS, laissez-moi donc vivre dans le déni please please), je me dis toujours que ça y'est, y va y avoir du renvoya d'enfant partout ou encore, y va y avoir un thermomètre qui va péter dans le rouge. Mon coeur arrête de battre un peu, je viens blanche pis je vis une tite faiblesse momentanée. Kess tu veux, moi, ça me bouleverse total quand j'ai un tit-cul qui feel pas.
La santé man, c'est important. Surtout celle des enfants. Des miens particulièrement.

Ainsi.

Hier, j'ai entendu Bébé chigner dans son lit vers 23h.

Boute de la passe faible pis toute, je monte les escaliers en me tenant fermement à la rampe pour pas perdre connaissance. Chu ben sensible.

Et là, ben y'a Loulou d'assis dans son lit. Il pleure doucement.

Il pleure parce que, fouille moi comment il a fait son compte, mais il est pogné dans sa housse de couette. C'est comme un fantôme rouge avec des zanimaux multicolores dessus qui pleure.

Pis ça, ben c'est vraiment drôle.

Je l'ai aidé à se dépêtrer en riant tout bas pour ne pas réveiller Arno. Mais un moment donné, j'ai ri vraiment fort devant le ridicule de la situation.

La vie est donc belle quand les enfants chignent parce qu'ils sont pognés dans des housses de couette au lieu d'être pogné avec des virus.

vendredi 4 mars 2011

Arno: 8 ans

Bon, bon, bon.
Le temps passe vite pis on est vieux.
Je le constate parce que le 5 mars, mon grand va quand même avoir 8 ans. Tsé, malade.

Facke kin, sois témoin toi aussi que le temps passe.

Bonne fête Arno Minou!!!!!!!!!











xxxx

mardi 1 mars 2011

'Tention

Depuis que je suis mère, le mot que je répète le plus souvent est: 'tention.

Comme dans:

"Tention pas tomber."
"Tention pas te faire mal."
"Tention avec ça."
"Tention à ton frère".
"Tention avec ton verre."
"Tention avec le chat."
"Tention avec le toaster dans le bain."

Mais tsé, le mot est tellement suremployé qu'il n'a d'effet sur personne.

Ainsi, depuis que je suis mère, je met des plasters partout, tout le temps.