samedi 4 septembre 2010

Roman à l'eau de rose

La rentrée est arrivée pimpante dans nos faces: on avait hâte en cibole.
Moi et Arno, on a comptés les dodos, on a fait des X sur le calendrier, et quand la veille de la rentrée est arrivée, on était énervés tout plein, lâchant des cris suraigus de p'tit bébé chien et tournant sur nous-mêmes.

Arno, il est content parce qu'il a eu le professeur qu'il souhaitait. Moi aussi j'étais contente quand ça m'arrivait au primaire. (Que de joie et de soulagement quand on annonce qu'on est pas pogné avec Georgette qui, selon la légende, bouffe des chatons au petit dej.)

De mon côté, c'est la panique. Vous savez quoi? La troisième année de bacc en littérature, c'est pas de la tarte. On dirait que je trouve ma blague de retourner sur les bancs d'école un peu moins drôle.

Tout ça pour dire que j'ai un cours qui s'appelle "Littérature de grande diffusion" et qu'il est en lice pour devenir mon cours favori de la session. Et qui dit littérature de grande diffusion dit devoir aller s'acheter un Harlequin pour l'analyser.

Le roman Harlequin a une mauvaise réputation

J'aurais pu courir les Harlequin usagés dans les bouquineries mais comme j'avais des photos à récupérer à la pharmacie, j'ai décidé que ça allait être mon spot distributeur de livres sirupeux.

J'ai choisi une affaire drôle qui parle d'amour pis de bébé. La couverture nous montre un homme et une femme qui câlinent un miniature enfant. C'est beau.

Je l'ai choisi rapidement entre trois autres bouquins, le regard nerveux, la main tremblante, comme si j'étais en train de commettre un acte illégal. C'est con.

Arrivée à la caisse, mon Harlequin a décidé de jouer les grands seigneurs qui refusent de se faire scanner. Un peu mal parce que la lignée derrière commençait à allonger, j'ai lâcher une phrase niaise: "Ah non, dites-moi pas que mon SUPER BEAU HARLEQUIN refuse de passer?" qui a eu comme effet de faire un peu reculer les gens dans la file.

Mais étrangement, ça a allumé la caissière.

"Moi, j'en ai lu des Harlequin dans ma vie! Oh que j'en ai lu!" Elle me dit ça d'une traite en couinant tout bas, comme si on était de connivence dans le vice. Elle a le rouge qui lui monte aux joues, d'énervement, toute heureuse de s'être trouvée une semblable pour enfin parler de son amour pour les romans à l'eau de rose.

"Moi j'en ai jamais lu de Harlequin. C'est pour un cours à l'université."

Son regard s'est éteint. Elle s'est sentie jugée. Elle m'a réclamé sèchement 19,54$ pour mes achats.


Pffff. Mézan que je la jugeais.