mercredi 18 juin 2008

Veut faire pipi Mamannnnnnnnn!!

Par les temps qui courent, je redécouvre un truc complètement abominable que mon cerveau avait relégué au département de l’Amnésie, et ce au même titre que coller sa langue sur un poteau de métal gelé à quatre ans, la désagréable sensation qu’on éprouve quand on nous oblige à nous asseoir sur le Père Noël à six ans, faire rire de soi dans la cours d’école, accoucher ou encore désinfecter à l'alcool un bout de nombril mort de nouveau-né (merci à Jérôme pour le rappel).

Ces temps-ci je redécouvre...(attention, taratata de tambours SVP).. les joies de mettre un enfant propre!

J’avais oublié à quel point c’est la poisse total.

Et si c’était reclus très loin dans ma zone cocoïdale c’est qu’il y a maintenant belles lurettes que mon grand de 5 ans s’essuie la foufoune tout seul. Qui plus est, il ne me réclame plus à grands cris pour que je l’asseye sur le siège de toilette. Maître pompier, Arno arrose maintenant debout. Et il vise bien.

C’est donc une redécouverte pour moi que de me faire gueuler dessus à tout heure du jour et de la nuit pour une affaire de trois gouttes qui, à première vue, semblait tout désigné comme étant un code rouge d’urgence terrible. Ce qui me porte à estimer que les petits qui deviennent propres, c’est comme les femmes enceintes : ça fait pipi aux 15 minutes et le résultat est toujours décevant.

Le pire je crois bien, c’est quand vient l’heure du dodo.

Pas encore expert dans l’art de se retenir sur une très longue période, Loulou porte élégamment la couche pour son cycle de nuit. Sauf qu’une fois bercé, dorloté, gavé d’images de camions, bordé et prêt à s’abandonner à Morphée, je ne fait que commencer à avoir du fun...

« Veut faire pipi Mamaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaan! »

Et il persiste et signe même si deux minutes plus tôt, assis sur la pissotière, il poussait bien haut la note dans une chanson à la gloire du pipi qui quittait son corps pour s’en aller au Pays des Pipis, là où tous les pipis de la vie sont enfin réunis …

Ainsi, je monte le chercher. Je lui enlève sa couche, l’assois sur la toilette.

Deux gouttes.

Je lui remets sa couche, je l’installe confortablement dans son lit, entre son ourson et sa doudou défraîchie, je le borde et je m’en vais. J’ai juste le temps de m’asseoir avant de réentendre :« Veut faire pipi Mamaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaan! »

Et la blague peut s’éterniser comme ça durant une bonne heure. Vous conviendrez donc avec moi qu’elle peut s’avérée dépassé un moment donné. Un peu comme quand on se fait chanter Pète pis Répète s’en vont en bateau, Pète tombe à l’eau qui qui reste une bonne quinzaine de fois. Ça peut devenir franchement agaçant.

Quand enfin la loutre qu'est Loulou s’endors, me laissant le loisir d’enlever la broue de mon toupet et de constater que ma mèche a été franchement écourtée, il est presquement l’heure pour moi d’aller au lit.

La suite de mon histoire est tellement prévisible. À 2 h du matin, c’est inévitable qu’un retentissant « Veut faire pipi Mamaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaan! » me tire brusquement du sommeil.

Et c’est en toute conscience de la non pédagogie des mots qui risquent de sortir de ma bouche que je me mord les joues pour ne pas gueuler « Ben fais-le dans ta couuuuuuuuuuche! »

vendredi 6 juin 2008

Anarchy in the 3e âge

Je vais vous dire un truc : personnellement, j’estime que les grands-parents sont de grands anarchistes.

Absolument.

Il faut les voir à l’œuvre, cette bande de délinquants, c’est du joli.

Rien qu’à voir à quel point la bonbonnière est remplie, comment luit l’étincelle de la moquerie dans leurs yeux, comment ils peuvent passer de 55 ans à 5 ans en l’espace d’une nano-seconde, on se doute bien que nous, simples parents, allons nous en faire passer quelques petites vites dans le dos.

Et même si à grands coups d’avertissements sérieux avec en prime le sourcil relevé de sévérité, on leur explique le sens de la vie à ses délinquants du troisième âge, ils s’en balancent comme de leurs dernières chemises.

Des fous-dangereux.

Voyez par vous-même le tableau.

Maman- Merci beaucoup de garder les enfants pour le week-end! Juste avant que je quitte, j’aimerais seulement d’aviser de quelques trucs. D’abord, le sucre du XXIe siècle fait des ravages sur le comportement des enfants. PAS DE SUCRE.

Mamy- Pas de sucre, c’est noté.

Maman- La routine est très importante pour eux, tu te dois de la respecter à la lettre. Alors pour les deux, c’est le bain à 19h. Tu couches le bébé tout de suite après en lui racontant une histoire et en lui donnant un biberon de lait. Le plus grand a droit a une collation devant un épisode de Passe-Partout pendant ce temps. Son heure du dodo est fixé à 20h. Une histoire est requise.

Mamy- Compris.

Maman- J’essaie de mettre bébé propre alors je t’ai laissé des couches-culottes…au cas où. Il en porte une en ce moment.

Mamy- C’est bien.

Maman- Pour les repas, essaie de t’en tenir au guide alimentaire canadien.


Mamy- Évidemment.

Maman- Bon, s’il a quelque chose, tu peux me rejoindre à la maison sauf ce soir, je serai au théâtre, attends, je dois bien avoir le numéro quelq..

Mamy- Ça va, j’ai déjà eu des enfants je te rappelle.

Et en me disant cela, elle ouvre la porte en me poussant dans le dos, juste comme j’allais lui parler du tempra dans la poche gauche du sac à couche, du thermomètre dans la même poche, de ne pas oublier de leur brosser les dents, du numéro d’info-santé qui est dans la poche droite d…Bref, je me fais virer.

Et sitôt la porte fermée, j’entends la Mamy s’écrier d’un ton joyeux : « Maman est partie! Tournée de popcycles!!» suivi d’un « pour dîner vous préférez la pizza ou les hot-dog? Bah, je vais faire les deux » et aussi j’entends : « ce soir, on se couche à pas-d’heure, j’ai loué un film de monstres » et cette surprenante phrase : « Bébé, on s’en va jouer dehors, enlève ta couche, tu feras pipi dans l’herbe . »

Si c’est pas de l’anarchisme pur et dur ça mes amis…