lundi 26 mai 2008

Un troisième

Chéri, je suis prête.

J'en veux un troisième.

Oui, oui, un troisième.

Je sais bien que déjà avec deux, on trouve ça difficile parfois. Ils nous demandent du temps, ils nous coûtent de l'argent, ils salopent la maison, ils chialent souvent et c'est bien rares qu'ils nous disent merci...

Mais l'amour, mon Amour, l'amour...

Imagine-toi les dimanches matins, toute la grande famille blottie dans le lit, juste ensemble. L'harmonie, la douceur, les rires. Les dimanches matins, y'a pas à dire c'est salement chouette.

Oui Chéri, j'en veux un troisième.

Un tout petit être avec qui, au début, je pourrais partager mon oreiller. Amoureusement collé contre moi, sa maman. Tout petit, tout petit.

Et qu'à chaque jour, on ne pourrait que s'extasier devant ses progrès, ses mimiques. Je l'aurais constamment dans les bras c'est certain.

Dis oui mon Amour, on agrandit la famille. Je suis rendue là dans ma vie.

Et puis, depuis un moment, je cogite des prénoms pour lui dans ma tête. Mon choix s'est arrêté sur Jésus.
Oui, je sais, c'est lourd à porter comme prénom. Mais n'y a-t'il pas un joueur de hockey qui s'appelle Satan?

De toute façon, pour un chaton, avoue que ce serait parfait...

mercredi 21 mai 2008

Loto-Clinique

Hier, j'ai joué à la loto.

Loto-Clinique que ça s'appelle.

Du gros fun sale.

Qu'est-ce qu'on gagne avec ça vous demandez-vous d'un air intrigué? On gagne un quinze minutes en tête à tête avec un médecin dans la journée même.

En voulez-vous du chalenge? Ça en est tout plein ça. Et au même titre qu'un gratteux, il y a un risque de s'abimer les doigts.

Loto-Clinique, ça se joue à la Clinique Saint-Vincent à Sherbrooke. Cette clinique, je l'ai eu dans ma face à tous les jours pendant 3 ans, elle était ma voisine d'en face. C'est pratique une clinique sans rendez-vous de l'autre côté de la rue: tu traverses, tu t'inscris, tu reviens à la maison, le temps d'écouter les Saisons de Clodine et Ricardo, et tu y retournes avec un air baveux. En moins de deux, c'est ton tour. Ça fait chier tout le monde. Persuadés qu'ils sont, le monde, que tu les bypass.

C'était le bon temps.

Et il n'est plus.

Fini ce temps où il fesait bon perdre une journée complète dans une salle d'attente en compagnie de deux-trois vieux à moitié cassés, d'une couple de matantes hystériques et d'une floppée de braillards morveux: la clinique vient d'instaurer un nouveau système. Dès 8h, la ligne téléphonique est ouverte et on prend les appels jusqu'à ce que les cases disponibles de rendez-vous de la journée et de la soirée soient complètent.

Et va pas te montrer la face là en live, Johnné, tu seras viré.

Mais Hani, grande dame de la perte de temps, où est le chalenge?

Le chalenge, mes p'tits coeurs, c'est d'avoir la ligne bâtard!

À 7h56, j'ai fait un premier appel, juste pour avoir le numéro en mémoire sur mon téléphone. Parce que, heille Johnné, tu vas quand même pas pitonner le numéro à chaque fois hein? Redial, ça devient ton ami.

À 7h57, je regardais mon téléphone, le doigt prêt et j'entendais mentalement des bagnoles de courses juste avant le départ. Un bruit de rinçage de moteur. Je suis persuadée que le tout-sherbrooke-malade-qui-voulait-une-place-à-St-Vincent entendait la même chose dans sa tête, le doigt aussi prêt que le mien sur leur bouton redial. Peut-être pas aussi. Peut-être que c'est juste moi qui entendait ça.

À 7h58, n'y tenant plus, j'ai pesé sur le piton.

En même temps que le tout-sherbrooke-malade-qui-voulait-une-place-à-St-Vincent.

Alors, dans ma tête, les bruits de bagnoles qui se rincent le moteur se sont transformés en bruits de carambolage. Tout le monde est parti en même temps. Ça a fait kapout.

Engagée qu'elle était la ligne.

Grrrrrr.

Dans un cas comme celui-ci, pour avoir la ligne, l'important c'est de se faire une routine: peser sur le piton "Talk", peser sur le piton "Redial", écouter, sacrer, repeser sur le piton "talk" pour raccrocher. On fait ça à la vitesse de l'éclair et on ne prend pas de pause.

Ok Johnné? Pas de pause, sinon, c'est une matante hystérique qui va avoir la ligne.

Un moment donné j'ai voulu gagner encore plus de temps, j'ai sauté l'étape de l'écoute: j'ai monté le volume de mon téléphone au maximum afin de bien entendre sans avoir à me coller l'oreille sur le combiné.

Mon deuxième nom, c'est Efficacité.

Il faut toutefois faire attention avec la routine. Parce qu'une fois qu'elle est bien ancrée, il se peut que tout d'un coup la ligne soit libérée mais que votre doigt, par habitude, pèse sur le piton pour raccrocher. Et ça, ça ne fait pas que faire sacrer, ça oblige aussi à aller frapper sa tête sur un mur et à s'en vouloir pour toute la vie. Toute la vie, Johnné, penses-y.

Je dis ça comme ça parce qu'à 8h06 très exactement, au lieu d'entendre le son crissant d'une ligne engagée, j'ai entendu une sonnerie. Et que mon index, il a bien failli peser sur "talk". Je l'ai engueulé solide pendant qu'on me mettait en attente.

J'ai eu un rendez-vous pour 11h15. Il était 8h06. Les visites débutent à 9h, c'est quinze minutes du malade. J'étais finalement la 10e chanceuse à gagner. À ce rythme-là, à 9h, la journée et la soirée sont déjà bookées. Pas de bol pour les vieux à moitiés cassés qui ne sont pas trop rapides sur le piton.

Bon, alors, tout ça pour dire que j'ai gagné à loto-clinique et que Arno, il fait une otite.

lundi 12 mai 2008

Je me bidonne

Ce serait d'un égoïsme extrême que de garder jalousement ceci pour moi seule.



Tous les ingrédients sont réunis pour me faire faire pipi dessus: Le chat surprise, la belle nouvelle, la fillette en pleurs, la fête à l'eau.

jeudi 8 mai 2008

De mauvais goût

Arno: Maman! Maman! Devine ce que j'ai fait aujourd'hui à la garderie?

Maman: Heu... Attends... T'as recréé une version pour enfants de la comédie musical Grease?

Arno: Non? J'ai fait de la crottinette!

Maman: De la crottinette? Vraiment?

Arno: Oui, oui, Maman, de la crottinette!



Bon.

Parlez-moi de ça une garderie scatophile.

vendredi 2 mai 2008

La parole est à Arno

Je veux du jus.

Du jus qui pétille.

Mes parents, c’est ça qu’y z’ont trouvé comme alternative aux boissons gazeuses. Jus 100% pur + eau Perrier.

Je n’y vois que du feu.

De toute façon, je ne sais même pas ce que veut dire ‘alternative’.

Ni même l’expression n’y voir que du feu.

Du feu, y’en a sur ma piste Hotweels.

Je veux du jus.

Mais Maman n’écoute pas.

Elle s’époumone sur une chanson bizarre au lieu de m’écouter. Ça fait genre : ‘Let it be, let it be, let it be’.

Je la regarde faire, ma mère, la mienne à moi que j’ai.

Faire le souper et me répondre sur le même air que Let It Be : ‘Au souper, au souper, au souper, au souper, t’auras du jus qui pétille au soupééééééééééééééé ÉÉÉÉÉ’ (Notez qu’elle est montée hyper haut dans les aigus là, ma mienne de mère)

J’aimerais bien connaître Tom Waits pour pouvoir le citer.

I don’t want to grow up.

C’est très fâchant que je ne connaisse pas encore ce Monsieur. Car c’est réellement ce que j’aurais envie de dire.

C’est bizarre les vieux.

Je suis tannée de l’entendre chanter ma mère.

Je veux zuste du zus qui pétille.

Un grand verre, maintenant, juste avant le souper. Je m’en fous moi de ne plus avoir faim après.

C’est donc ben compliqué pour rien être un adulte.

I don’t want to grow up.

Peut-être un peu au fond. Asser en tout cas pour être capable de me le faire moi-même mon jus qui pétille.

En cachette.

Dans son dos…

Mais comme elle est rusée comme un singe, elle découvrirait sûrement mes plans.



… ….

Bof, je n’aurai qu’à lui répondre :

‘Let it be, let it be, let it be….’