vendredi 11 mars 2011

Gnaiserie d'école

J'ai présenté ce texte dans le cadre du cours Rédaction: style et clarté. J'ai jamais eu ma note.

***

« Non, pas question. »

Steve tira une dernière bouffée sur sa cigarette, de celles qui brûlent les lèvres. Il souffla ensuite une longue émanation de poison; elle tournoya lentement dans un gracieux ballet ralenti puis alla se perdre dans l’air ambiant.
Il éteignit rageusement le mégot noirci dans le gros cendrier plein à ras bord. Ses yeux lorgnaient le sol à défaut d’avoir le courage d’affronter ceux de Sylvain.

« Come on man, c’est juste pour une veillée. »

Sylvain avait dit cette réplique en laissant traîner un rictus vicieux aux commissures de ses lèvres. Un garnement vaniteux. Il devait probablement être chef de bande au primaire, terrorisant les faiblards lors des parties de ballon chasseur et faisant secrètement rêver les gamines à qui il tirait les couettes. Il avait sûrement déjà dit à Ti-Cul Carl d’aller se coller la langue sur un poteau de métal par une température glaciale, ce que Ti-Cul-Carl s’était probablement empressé de faire.

« Pourquoi je ne peux pas être Ozzy? »

« Parce qu’on ne refait pas Black Sabbath, criss, on refait KISS. Pis tu sais bien que si on avait refait Black Sabbath, c’est moi qui aurais fait Ozzy. »

Un garnement fier, je vous dis.

« Je veux être Gene Simmons alors.

- Non! C’est moi Gene Simmons!

- Bon ben laisse moi être Paul Stanley alors?!

- No way man! C’est Ti-Cul-Carl qui fait Paul Stanley! Y’a même volé une paire de fuck-me-boots vintage à la mère de Fano pour le look.

- La mère de Fano?!

- Bah…Oué?!

- LA MÈRE DE FANO?!

- BAH OUÉ! »

La mère de Fano avait jadis été une très belle femme qui aimait se dandiner le popotin lors des soirées disco. ABBA, elle aimait ben ça. Aujourd’hui, on ne voyait plus que de minimes traces de sa beauté d’autrefois. Elles étaient enfouies quelque part dans la lueur de ses yeux. Après l’accouchement de son premier lardon en 1979, son susmentionné popotin s’était mis à élargir de façon considérable.
Aujourd’hui, après avoir été engrossée trois fois par Monsieur-Le-Père-à-Fano, elle n’était plus qu’un émule des mannequins du catalogue Sears, dans la section 16+ week-end : gros cul, linge en coton pastel et sourire factice. Le genre de madame que tu sais qu’elle fait des gâteaux aux carottes vraiment kick ass.

Maintenant que Steve était revenu de la surprise, il se demandait si c’était la mère de Fano qui avait des cristies de grands pieds où si c’était plutôt Ti-Cul Carl qui était affublé de minuscules petons.

« Et Ace alors? Qui fait Ace?

- Ben, c’est Fano s’t’affaire!

- Câlisse !? C’est qui qui a décidé ça?!

- Ben devine!? »

Vous tous, lecteurs, aviez compris bien avant Steve que c’est Sylvain qui avait pris une telle décision. Vous êtes franchement plus allumés que Steve. Cela explique aussi pourquoi ce sera Steve qui aura à personnifier le chat de KISS. S’il avait été plus allumé, il aurait pu marchander pour incarner un des autres membres du groupe, vous savez, ceux qui n’existent plus aujourd’hui, mais qui continuent à avoir leurs places dans la mémoire collective.

« Non. Je ne ferai pas Peter Criss… »

Steve resta quelques secondes en tête à tête avec ses pensées. Assez de temps pour se dire qu’« Asti, en plus, y’ a du vert dans le maquillage du chat. »

Sylvain, voyant que Steve n’avait pas l’air enchanté par cette idée de déguisement d’Halloween, lui proposa une bière afin qu’il puisse se détendre. Steve resta muet devant la proposition.
Le chat de KISS.
Ces mots allaient et venaient dans la tête du gaillard.
Sylvain prit le silence de son ami pour une réponse affirmative. Alors qu’il se dirigeait résolument vers le réfrigérateur, Steve en eut soudainement marre d’être à la merci de ce type trop arrogant qui en faisait baver à son entourage depuis sa plus tendre enfance.
Il saisi délicatement le cendrier en verre massif et vida son contenu sur le tapis. À pas de loup, il s’approcha de Sylvain.
L’élan qu’il prit pour assommer son ami fut si puissant que Sylvain tomba raide mort.

« Oui, je vais la prendre la bière. »

Steve laissa tomber le cendrier qui n’éclata même pas. Il ouvrit le réfrigérateur et empoigna une bouteille. Il la décapsula et avala une longue lampée.
Il allait ensuite chercher deux feutres : un noir et un vert.
Tandis qu’il dessinant les traits d’un félin sur le visage du cadavre, Steve se dit pour la dernière fois que jamais, il ne personnifierait le chat de KISS.

5 commentaires:

Généraldine a dit...

Maaaaaaaan Le chat de KISSSSSSSSS!!!!!!

J'Aime! xxxxxx

Fast Food Fred a dit...

Comment ça "jamais eu ta note"?

hani a dit...

Ben, j'ai ma note finale pour le cours en entier, mais pour ce texte, la prof avait perdu ma copie. Elle est en burnout cette session-ci d'ailleurs. On la salue.

Jérôme a dit...

Hani! Come on! Elle l'aimait ELLE le chat de Kiss!!

hani a dit...

hahahaha!!